23 novembre 2023 •

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Coutume des arts pratiques : le toast

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Le toast est aujourd'hui un moment incontournable des mariages et des célébrations en tous genres. Mais comment le fait de lever son verre en signe de respect envers une personne ou une idée est-il devenu une tradition séculaire ?

Mythe et tradition

Pour répondre à cette question, nous allons devoir dissiper un mythe. Vous avez peut-être entendu dire que le toast est né de la peur de l'empoisonnement. Cette explication vient de l'idée qu'en faisant tinter les verres les uns contre les autres, leurs contenus se mélangent. Les autres convives ne se risqueraient donc pas à vous empoisonner, de peur de s'empoisonner eux-mêmes. Toutefois, aucun fait ne vient étayer cette théorie.

Par ailleurs, la plupart des sociétés antiques avaient pour habitude de porter des toasts. Par exemple, dès le 6e siècle av. J.-C., les Grecs offraient des libations aux dieux et buvaient à la santé des uns et des autres. Les Romains accordaient une telle importance à cet acte que le Sénat avait voté une loi stipulant que chacun devait boire à la santé de l'Empereur Auguste à chaque repas.

D'après certains historiens, le tintement des verres permettait d'éloigner les démons et les esprits malins. Les gens avaient pour habitude de faire tinter leurs verres pour imiter le son des cloches de l'église.

Vin et toast

Une des théories les plus amusantes remonte au 16e siècle et place cette pratique à l'époque des Romains. Une de ses premières descriptions écrites se trouve dans l'œuvre Les Joyeuses Commères de Windsor de Shakespeare, dans laquelle le personnage de Falstaff formule l'exigence suivante : « Va me chercher une pinte de Madère ; mets-y une rôtie ». En des termes plus contemporains, Falstaff demande à ce qu'on lui apporte une grande quantité de vin dans lequel on aura plongé un morceau de pain (toast). Cette pratique était courante à l'époque en raison de la qualité extrêmement médiocre du vin. Le fait de mettre un toast dans la jarre était censé neutraliser en partie l'acidité du vin et en améliorer le goût.

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Popularité du toast

Au 18e siècle, le terme « toast » cessa de désigner uniquement le morceau de pain flottant dans le vin pour qualifier la personne honorée par le toast. Les personnes particulièrement populaires pouvaient ainsi devenir le « toast de la ville ». Les fêtards aimaient à lever leur verre à la santé des absents, généralement des célébrités, souvent de belles femmes. Le toast devint si populaire que des « maîtres du toast » apparurent. Ils jouaient en quelque sorte un rôle d'animateur en s'assurant que les toasts n'aillent pas trop loin et que chacun puisse y prendre part.

Mouvement antitoast

À mesure que des formes hybrides de toast virent le jour, comme boire dans des chaussures de femme ou même mélanger son propre sang à du vin, un mouvement antitoast prit peu à peu forme. Les toasts entraînaient une telle ivresse et une telle violence que de nombreux établissements les bannirent.

La première société de tempérance, l'Order of Temperance, fondée en Allemagne en 1517, avait ainsi pour but d'abolir les toasts. Louis XIV lui-même bannit cette pratique dans sa cour. En 1634, ce fut l'État puritain du Massachusetts qui mit un terme à cette coutume « abominable » consistant à boire à la santé d'un tiers.

D'autres préférèrent redorer l'image de cette pratique plutôt que de l'éliminer. C'est ainsi que T. Hughes publia le premier ouvrage sur le toast, « The Toastmasters Guide », pour tenter de mettre en place une certaine étiquette. Le toast devint ainsi plus civilisé, retenu et intellectuel.

Aujourd'hui

Aujourd'hui, le toast n'a rien perdu de sa popularité. Il s'agit d'une façon classique et presque universelle de commencer un apéritif ou un repas, que l'on pratique chez soi ou au restaurant. Toutefois, la pratique varie quelque peu selon les pays. D'après le cabinet de conseil Etiquette International, il existe par exemple des différences intéressantes entre les coutumes coréennes et japonaises.

« En Corée, il est de coutume de vider son verre et d'en secouer les dernières gouttes, puis de le passer à son hôte, qui le remplit à nouveau. Le verre n'est jamais rempli avant d'être complètement vide. Au Japon, c'est l'inverse : le verre est rempli en permanence pour ne jamais être vide. »

Même s'il est devenu la norme avec quelques variantes, un toast ne se limite pas à quelques mots prononcés lors d'une célébration. Il est devenu un véritable souvenir oral : « C'est un moment que l'on associe à un souvenir. »

 

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